Sauver l’humanité ?
Tout le monde a son grain de sel à rajouter sur ce virus et cette situation, ça devient fatiguant, personne ne parle plus d’autre chose. Il y a des interventions intéressantes, certes, mais lire ou écouter tout ça devient aussi une perte de temps pas très enrichissante. Les maîtres spirituels ont aussi tous leur mot à dire, comme Mooji, Eckhart Tolle, Neal Donald Walsch, les prophètes comme Gregg Braden, ou les philosophes comme Yuval Noah Harari. Le message qui m’a fait le plus de bien, c’est le film de Vincent Munier sur les animaux. En ces temps troublés, où l’être humain ne pense qu’à sauver sa peau sans se soucier du reste de la création, il est réconfortant de se reconnecter avec les forces et les beautés de la nature, que l’homme, dans son arrogante stupidité, oublie et méprise depuis des décennies. Et depuis quelques jours, dans certains pays, même les promenades dans la nature sont interdites. Et les plus effrayés considèrent que ces mesures sont appropriées, et sont prêts à exiger plus qu’à seulement accepter l’instauration d’une forme de dictature, dans l’espoir, peut-être, de sauver leur grand-mère du virus. On en arrive à la situation plutôt absurde où plus d’un milliard de personnes sont forcées à rester chez elles, dans certains pays avec l’appui de l’armée. Triste monde !
L’humanité, que certains considèrent comme le summum de la création, mérite-t-elle vraiment d’être sauvée ? Sa disparition ne serait-elle pas une bénédiction inespérée pour la nature et pour toutes les autres espèces ? À moins que cette crise ne provoque une mutation soudaine de l’être humain, une élévation telle de son niveau de conscience, que la victime avide, violente et ignorante soit transformée du jour au lendemain en un être généreux, bienveillant et sage. C’est ce que prévoient les plus optimistes, un changement de dimension. Mais est-ce que cela ne va pas prendre des siècles, ou au moins des décennies ? Ce qui est encourageant, c’est qu’il semble que les changements qui commencent à se produire seront irréversibles. Le vieux monde est mort, il faut en faire le deuil, comme dit Gregg Braden. Et ce deuil est un processus douloureux, c’est ce que vivent la plupart des gens en ce moment, et il est probablement positif qu’ils soient confinés chez eux pour traverser avec succès ce processus. Selon Élisabeth Kübler-Ross, le deuil comporte cinq phases : le déni, la colère, la dépression, le marchandage (bargain) et l’acceptation. Le deuil de nos habitudes, de notre confort, de nos privilèges, et peut-être de certaines de nos libertés. Ou de ce que nous considérons comme des libertés. Mais les conditions douloureuses dans lesquelles vivent la grande majorité des gens sur cette planète, sont-elles vraiment des libertés ? Cela pourrait difficilement être pire, mais pour nous en rendre compte, il faut d’abord changer notre perception. Car seule une personne asservie peut revendiquer des libertés. La contemplation de ce que nous quittons, et les réflexions qu’elle devrait susciter, sont un bon moyen d’y parvenir. Et le confinement est certainement un environnement favorable à ce travail.
30 mars 2020, Khanom