Reconstruire la société
Le système et les structures qui contrôlent et dirigent le monde actuel sont tellement puissants et tellement omniprésents dans tous les secteurs de la société qu’il semble très difficile de pouvoir les renverser, les remplacer ou les transformer rapidement. D’abord, ceux qui sont réellement au pouvoir, même s’ils sont peu nombreux, vont utiliser tous les moyens pour conserver leur pouvoir. On le voit actuellement. Et pour l’instant, la plus grande partie de l’infrastructure qui est chargée de faire appliquer les directives du pouvoir lui reste fidèle. Ce sont les fonctionnaires de l’administration, les politiciens, la police et l’armée, les technocrates, les scientifiques, les médecins, les enseignants, les journalistes des médias officiels, les employés des grandes compagnies et des banques. Ils constituent des millions de personnes qui ont accepté, formellement ou non, un contrat de loyauté à l’égard de ceux qui leur permettent, directement ou indirectement, de gagner leur vie. Et toute enfreinte à ce contrat de loyauté est puni de sanctions dont la plus courante est le perte de son emploi (pour les salariés), l’interdiction d’exercer leur métier (par exemple pour les médecins) ou l’interruption des subventions, bourses, prêts ou autres moyens financiers (par exemple pour les scientifiques, les universitaires et autres instituts de recherches). Dans un monde où tout est basé sur l’argent, et avant tout la survie physique, la simple menace de ces sanctions suffit en général à maintenir les gens dans le « droit chemin ». D’autres sanctions beaucoup plus graves punissent ceux dont les actions ou les paroles pourraient mettre le pouvoir en danger.
Il faut se rendre compte aussi que le fonctionnement de certaines des infrastructures de la société possède une grande inertie, et que même si on les changeait radicalement aujourd’hui, leurs effets pernicieux continueraient pendant une longue période, dans les meilleurs des cas quelques années, mais souvent des décennies et parfois une ou plusieurs générations. Car les conditionnements qu’ont subis la population sont profonds et ont créé aussi (c’était bien leur objectif) une forme de loyauté, consciente ou plus souvent inconsciente, vis-à-vis du pouvoir. Le déconditionnement est un processus long et difficile, et souvent impossible. On le voit clairement quand des idées, des croyances ou des postulats qui ont été démontrés comme faux restent, des décennies plus tard, les fondements de la vision du monde et des pratiques scientifiques, non seulement chez les personnes ordinaires, mais chez une grande partie des scientifiques et des enseignants, sans parler des politiciens.
On pourrait décider aujourd’hui de reconstruire complètement le système de l’éducation, du jardin d’enfant à l’université (même si dans un nouveau système ces subdivisions n’auront probablement plus aucun sens), car l’éducation est le plus puissant système de conditionnement de la société, un conditionnement obligatoire qui permet ensuite de manipuler la population. Et pour que ce système fonctionne bien, les premières personnes à conditionner sont les enseignants. Il faut donc commencer par reconditionner et reformer les enseignants actuels, ce qui implique une période de transition d’au moins une génération entre l’ancien système et le nouveau système. De même, pour les petits enfants qui recevraient dès aujourd’hui la nouvelle éducation, il faudra attendre une ou deux générations jusqu’à ce qu’ils forment la majorité de la population adulte et puissent avoir une forte influence sur le fonctionnement de la société.
Un autre exemple : on pourrait décider de reconstruire complètement le système médical, de supprimer une grande partie des médicaments chimiques et des vaccins qui ont des effets secondaires toxiques et produisent de nouvelles maladies (car ils font des gens d’éternels malades qui rapportent des milliards à l’industrie pharmaceutique), et de recommencer à prescrire des traitements plus naturels. Comme pour l’éducation, il faudrait commencer par déconditionner et reformer les médecins. Et toutes les personnes qui ont été intoxiquées depuis leur enfance par la médecine allopathique, pourra-t-on vraiment les désintoxiquer ? Si on leur supprimait du jour au lendemain leurs médicaments favoris, peut-être qu’un grand nombre d’entre eux en mourraient. Il faudra donc attendre probablement 2 ou 3 générations pour avoir une population en bonne santé.
On voit dans ces deux exemples qu’il faudrait attendre une, deux ou trois générations pour que la société change profondément, et cela si on parvenait à transformer radicalement et rapidement ces deux systèmes. C’est peu réaliste, car changer l’éducation demanderait d’importants changements aux niveaux social et culturel, et changer le système médical de profonds changements aux niveaux politique et économique. Et il n’est pas sûr du tout que la majorité de la population soutiendrait ces réformes. Donc un changement progressif et non-violent du monde prendrait longtemps, même si on pouvait le commencer tout de suite. Et pour cela il faudrait un changement d’attitude immédiat d’un pouvoir en place qui n’a aucune envie ni intention de changer. Et même s’il était renversé, d’une manière ou d’une autre, qui serait capable de prendre sa place sans adopter ses méthodes ? Et son appétit pour l’argent ? C’est là qu’est le plus gros problème : l’argent ! Et l’avidité pour l’argent des super-riches qui dirigent le monde n’est qu’un reflet de notre propre avidité individuelle pour l’argent, que nous refusons de voir. Seule une société sans argent pourrait nous conduire à un monde de paix, d’harmonie et de bienveillance, où la solidarité, la collaboration et le partage pourrait remplacer la compétition, la course pour le profit et la violence. C’est simple, mais sommes-nous prêts à accepter et à mettre en œuvre ces changements ?
11 mai 2020, Khanom