Quels sont les principaux problèmes du monde actuel, et quelles sont les choses qu’il faudrait changer pour les résoudre ?

Le principal problème, qui est dans une certaine mesure la cause de tous les autres, est que le monde est dirigé par le pouvoir économique, auquel tout est soumis. Ce pouvoir est dans les mains d’un petit groupe de personnes qui possèdent la plus grande partie de toutes les richesses du monde. Ce qui permet à ces personnes de maintenir leur pouvoir, c’est qu’elles sont anonymes. On ne sait ni qui elles sont ni où elles sont, elles sont donc intouchables, car elles ne sont soumises à la juridiction d’aucun pays. C’est cette opacité qui leur a permis, d’une façon discrète et progressive depuis plusieurs siècles, d’accaparer les richesses et de pendre le pouvoir, en particulier sur le pouvoir politique, dans la plupart des pays du monde. Le rôle du pouvoir politique, originellement, est de défendre les intérêts de tous les habitants d’un pays afin de créer la liberté et l’harmonie dans la vie en société. Aujourd’hui, les hommes politiques ne sont que des laquais à la botte du pouvoir économique, qui servent des intérêts privés, ceux de la caste anonyme, au détriment des intérêts des citoyens. Les termes d’État, de démocratie, de république sont désormais des termes vides de sens qui relèvent de l’imposture. Les hommes politiques sont des mercenaires qui dépouillent les citoyens de leurs biens au profit des accapareurs et qui les asservissent au moyen d’un pouvoir totalitaire pour pouvoir mieux les contrôler et les dépouiller.

Les mesures à prendre sont d’abord d’interdire la possession anonyme de biens et de capitaux, d’empêcher la libre circulation des biens et des capitaux, afin de les empêcher de se réfugier dans des paradis fiscaux ou dans les pays qui offrent la meilleure optimisation fiscale. Cela nécessitera une réforme fondamentale de la structure juridique des entreprises. Les personnes et les entreprises ne pourront plus être des nomades opportunistes, mais devront se domicilier dans le pays de leur choix. Les entreprises ne pourront plus être multinationales, mais devront être domiciliées dans le pays où se trouve leur activité. S’il y a des filiales dans différents pays, elles seront toutes indépendantes et la liberté des transferts de capitaux entre elles ne sera plus possible. Les entreprises n’appartiendront plus à des actionnaires anonymes qui, comme c’est le cas actuellement, contrôlent les dirigeants afin de maximiser leurs profits. Les fournisseurs de travail participeront à la direction, et le but de l’entreprise sera de servir dans les meilleures conditions possibles les personnes à qui elles offriront les produits qu’elles fabriquent ou leurs services. Le pouvoir appartiendra à la création de valeur au lieu d’appartenir au contrôle économique et financier. Rien que l’application de cette dernière phrase changera déjà le monde. Cela signifie que le pouvoir appartiendra à chaque citoyen, dans l’accomplissement de son activité. Et cette activité n’est pas nécessairement une activité commerciale, elle peut aussi être une activité non commerciale ou une activité spirituelle, qui sont les trois domaines d’activités, appelés aussi corps intermédiaires, qui seront les fondations du nouveau système politique, celui de l’État dans son rôle de serviteur bienveillant de toute la population, et non de collaborateur corrompu d’une ploutocratie scélérate.

13 février 2022, Chiang Mai