J’ai découvert il y a environ deux semaines Mika Denissot, qui habite Bali, en cherchant des informations en français sur anapanasati (l’attention à la respiration) pour Dominique. Il a étudié le Dharma* en Inde, puis en Thaïlande dans la tradition d’Ajahn Chah*. Il est ce qu’on pourrait appeler un prophète du nouveau monde, mais plus détendu et moins rigide que Jean-Jacques Crèvecœur. Il publie une newsletter hebdomadaire, avec des vidéos, il vient d’ouvrir un groupe sur Telegram, qui semble être la nouvelle plateforme à la mode. Il donne aussi un cours gratuit de méditation le dimanche, auquel j’ai participé dimanche dernier. J’explore son site, ses vidéos anciennes, ses projets… et je le trouve très inspirant. Il est aussi en train de créer une sorte de communauté à Bali. À suivre !

Il mentionnait une conférence de Marc Halévy sur le passage de l’ancien au nouveau paradigme. Je l’ai écoutée et trouvée très intéressante. Elle date de 2015, mais est tout à fait d’actualité aujourd’hui. Mika a mentionné l’idée d’un monde sans argent, et a dit qu’il préparait une vidéo sur ce sujet. J’ai alors écouté quelques courtes vidéos sur ce sujet, qui me tient à cœur, puisque, selon les Gene Keys*, je suis fait pour vivre dans un monde sans argent. Selon Mika, et aussi Marc Halévy, nous allons connaître bientôt une période d’effondrement du système de société actuel, qui a déjà bien commencé avec la crise du Covid. Ensuite, il y aura une période chaotique de transition, puis enfin une période de renaissance d’un nouveau monde. Cela me parle tout à fait.

Je me demandais ces derniers temps comment je pourrais contribuer à la co-création d’un nouveau monde, dont j’avais défini les caractéristiques dans mon message du nouvel an. Et je me suis demandé ces derniers jours si, avant d’en arriver là, ou parallèlement, il ne faudrait pas se demander comment gérer la période d’effondrement et celle de transition. Si le processus général me semble clair et inévitable, on ne sait pas exactement quand ces différentes phases vont prendre place, et combien de temps chacune d’elles va durer, mais ce sera certainement dans ces prochaines années. On peut se demander aussi ce qui va se passer exactement dans ces différentes phases, et on peut faire diverses hypothèses et prédictions.

Qu’est-ce qui va s’effondrer ? Et qu’est-ce qui pourrait peut-être subsister ? D’après cela, on pourra prévoir ce qui va manquer pendant la période de transition. Pour faire face à cette période et pouvoir survivre, il faudra de toute façon être capable de vivre de façon aussi autonome que possible. Et il faudra créer des lieux pour le faire. Je me disais que dans les pays, comme la Thaïlande ou Bali, très touchés par la disparition du tourisme, des infrastructures de tourisme, comme les resorts, pourraient être facilement converties en centres de survie, qui deviendraient aussi des sortes de communautés. Mon idée, depuis hier, est de créer un nouveau réseau semblable au réseau de création de communautés que j’avais créé au début des années 2000. C’est un projet qui me plaît et m’inspire. Je me demandais aussi, ces derniers jours, en retravaillant sur la formation Recherche de ma mission de vie, si on n’aurait pas une mission de crise. Je n’étais déjà pas tout à fait d’accord avec Jean-Jacques Crèvecœur quand il disait qu’on n’avait qu’une mission de vie et qu’on l’avait jusqu’à la fin de sa vie. Si cela semblait correspondre au cas de Jean-Jacques Crèvecœur, cela ne semblait pas correspondre au mien, qui ai l’impression d’avoir différentes missions dans ma vie, dont aucune ne serait définitive et irrémédiable. D’ailleurs, même Jean-Jacques Crèvecœur, depuis un an, s’est engagé dans une nouvelle mission de militant. C’est pourquoi, dans les périodes de guerre, certaines personnes s’engagent dans une mission de résistants, ou deviennent infirmiers ou militaires. Et comme certains le disent, on est bien aujourd’hui dans une sorte de guerre.

Qu’est-ce qui va s’effondrer ? D’abord le système économique. On en parle depuis longtemps. Qu’est-ce que cela va signifier ? Au pire, la disparation de l’argent : disparition de l’argent virtuel qui est sur nos comptes en banque, suppression de toutes les rentes, retraites, allocations, subventions… Même si on avait gardé de l’argent sous son matelas, il n’aura plus de valeur. Bien sûr, cela ne se fera peut-être pas d’un coup, mais en plusieurs étapes. Donc, on ne pourra plus rien acheter. Il faudrait faire la liste de tout ce qu’on a l’habitude d’acheter, et voir comment on pourra s’en passer au besoin. Y a-t-il lieu de faire des provisions, et pour combien de temps ? Il faudra en tout cas les faire assez tôt, et discrètement, et avoir un lieu sûr pour les stocker.

Quels sont nos principaux besoins ? La nourriture, l’eau potable, l’énergie (électricité, gaz, essence, combustible de chauffage), les connexions téléphone et internet. Il y a les objets qu’on utilise et qui ont une plus ou moins longue durée de vie, comme les habits, les outils, la vaisselle et les ustensiles de cuisine, la literie et les serviettes de toilette. Et les produits qu’on consomme et qu’il faut renouveler, comme les médicaments, les cosmétiques, les produits d’entretien.

Il y a des produits durables et d’autres périssables, des produits qu’on peut produire et entretenir soi-même. Il faut des outils et du matériel, mais aussi des matières premières et des pièces de rechange. Cela me fait penser aux marins du Vendée Globe, qui doivent avoir assez de vivres pour les trois mois que dure la course (mais ils peuvent pêcher) et être capables de réparer les avaries de leur bateau. Donc, dans le cas de petites communautés, les capacités et talents de tous les membres offrent déjà un certain degré d’autonomie. C’est pourquoi il faut faire la liste de nos capacités et talents.

* Dharma (sanscrit ; pali : Dhamma) : la doctrine du Bouddha, un des Trois Joyaux, avec le Bouddha et la Sangha. Dans un sens plus général, tout enseignement ou chemin spirituel. 

* Ajahn Chah (1918-1992) : l’un des maîtres bouddhistes thaïlandais les plus vénérés du vingtième siècle. En 1954, il fonda, dans le nord-est de la Thaïlande, le Wat Nong Pah Pong, et en 1975 le Wat Pah Nanachat. En 1978, il créa Cittaviveka, le premier monastère theravada en Angleterre. Souffrant du diabète, il passa les dix dernières années de sa vie paralysé et incapable de parler. Son enseignement est toujours pratiqué dans plus de 250 monastères affiliés à sa tradition, tant en Thaïlande qu’à l’étranger.

* Gene Keys : littér. clés génétiques. J’ai utilisé la traduction française pour désigner les 64 aspects de la personnalité humaine décrits par Richard Rudd (qui correspondent aux 64 codons du code génétique humain, aux 64 hexagrammes du Yi Jing et aux 64 portes du Human Design). J’ai gardé l’anglais Gene Keys pour désigner le système et les enseignements développés par Richard Rudd, l’organisation qu’il a mise en place pour les diffuser et le titre de son livre.

7 février 2021, Chiang Mai