IMAGINER UN NOUVEAU MONDE - 2

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Le monde ou la vie

802 Rayon jaune
802 Rayon jaune

C’est le dernier jour du printemps, après-demain les jours vont commencer à décroître, le moment d’entreprendre quelque chose, écrire une nouvelle série de textes, ce que j’ai envie de faire depuis quatre mois, depuis la série de textes écrits en février. J’avais envie d’écrire sur autre chose que la situation peu réjouissante du monde, mais est-ce possible en ce moment ? J’en doute, en tout cas pour moi. Donc je vais commencer à écrire sur le monde, si possible d’une façon réjouissante, et je verrai où cela me conduira.

D’abord, qu’est-ce que le monde ? Le Petit Robert, donne quatre sens généraux au mot « monde » : l’univers (comme système organisé) ; la Terre ; la société (ou des aspects ou portions de la société) ; les hommes. Ils sont comme des poupées russes, le premier, le plus vaste, inclut successivement les suivants. Il faut noter d’abord que le monde, dans tous ses sens, n’est pas, comme la plupart des gens le pensent, à l’extérieur de nous, ce n’est pas notre environnement, mais il est à l’intérieur de nous, se sont nos perceptions. Nos perceptions, ce sont celles de nos sens physiques (vue, ouïe, goût, odorat et toucher), qui perçoivent tous les objets matériels, mais aussi celles de nos sens mentaux, qui perçoivent tous les objets immatériels (nos sentiments, nos idées, nos mémoires, notre conscience, et tout ce que nous pouvons imaginer). Il ne faut donc pas que je me sente limité par le fait de parler du monde, car il contient tout, ce qui en fait partie et ce qui n’en fait pas partie.

Qu’est-ce que nous faisons dans ce monde ? Nous le percevons. Je perçois le monde. Mais, pour qualifier les Réflexions que j’écris depuis 40 ans, j’utilise d’autres mots : Regarder la vie. Parce que je suis un peintre, donc un visuel, et parce que le mot « vie », dans un sens large, est proche du mot « monde » : l’univers, la Terre, la société et les hommes, sont tous, à leur manière des êtres vivants. Pourtant, les connotations des deux mots sont différentes. Le monde est plus froid, plus impersonnel et nous avons l’impression fallacieuse d’en être séparé. La vie est plus chaleureuse (plus vivante), plus intime et nous avons l’impression d’en faire partie. C’est probablement pourquoi, quand nous critiquons ce que nous percevons, nous critiquons le monde (les autres, la société), plutôt que la vie (nous-même, la nature). Et c’est cette discrimination entre le monde et la vie qui crée les conflits, les guerres, les problèmes, les souffrances. Le monde, nous le percevons avec le mental, la vie, nous la percevons avec le cœur : ce sont deux perspectives différentes d’une même réalité. Cette dualité est la cause de tous nos tourments. La plupart des gens pensent que le monde contient la vie, mais j’ai plutôt l’impression que c’est la vie qui contient le monde.

Pour regarder la vie, et la comprendre, il faut commencer par regarder et comprendre sa vie. C’est ce que fait le sage. Et lorsqu’on comprend la vie, on comprend le monde. Mais lorsqu’on comprend le monde, ce qu’essaie de faire la science à coups de milliards, on ne comprend pas nécessairement la vie, et même pas sa vie. Ce qui manque dans ce monde malade, ce n’est ni de l’argent ni des connaissances, c’est de la sagesse.

 

20 juin 2022, Chiang Mai

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